La vie chair
1 Le décor du temple
Dans l’ombre du temple à l’abandon Il contemple l’abandon des corps Il devine le décor des chairs Il songe à la pulpe dans la bouche Il rêve à la peau sous les doigts Au fond du jardin il se fige sous le ficus Il se figure sous le figuier Il sourit sous le bananier Il médite sur les coups du sort Mais il ne médit plus de Médor Et il rejoue la même scène Toujours rester zen Toujours rester aux aguets Et léviter à son retour Dans les volutes d’encens se dissipent Ses dernières illusions sur la discipline Des disciples les vices des novices L’habit des moines et la vertu Des amantes religieuses Et il rejoue la même scène Toujours rester zen Toujours rester aux aguets Et léviter à son retour D’un séjour en cet hôtel Il évoque les heures singulières Et aux serpents du repentir Il adresse son ultime sermon Jamais il ne bouda son plaisir 2 Barbecue
Les barbares font des sacrifices autour d’un barbecue Tu végètes chez les carnivores mais les barbus te barbent Les barbares boivent des bières et s’enivrent de leur folie Tu t’abstiens de l’abstinence mais les chauves te rasent Enfant du destin, enfant du festin Enfant de la balle, c’est quoi ce cirque ? Les barbares font les bêtes aussi bêtes qu’aucune bête Entre chiens et loups tu choisis toujours la nuit Les barbares font des rixes à heure fixe Tu regardes dans le vide l’ennui qui te guette Enfant du destin, enfant du festin Enfant de la balle, c’est quoi ce cirque ? Les barbares rêvent éveillés aux veillées d’armes Tu t’évertues à la vertu des orgies de larmes L’espèce est à l’heure du choix funeste Les nuits de pleine lune tu te sauves qui peut Enfant du destin, enfant du festin Enfant de la balle, que dalle on crève ! 3 Pépin
En cas de pépin, je sors mon parapluie En cas de pépin, je me presse le citron En cas de pépin, je passe à l’orange Mais dans tous les cas les pépins C’est toujours pour ma pomme En cas de pépin, je suis bonne poire En cas de pépin, j’en ai sous le melon En cas de pépin, je me retire c’est permis Mais dans tous les cas les pépins C’est toujours pour ma pomme Il n’y a pas de pépites que des pépins Il n’y pas de pésètes que des pépins Il n’y a pas de pépètes que des pépins Et dans tous les cas les pépins C’est toujours pour ma pomme Le fruit du destin pour un pépin Bref c’est le fruit du hasard De dépit, je crache des pépins Mais dans tous les cas les pépins C’est toujours pour ma pomme 4 Hélène
Le cheval prend l’eau Il a des visions la nuit dans son enclos Il hennit que personne nenni N'a vu biche aussi jolie Qui sabote ses sabots ? Sur qui s’abat le sabbat ? Sur quoi planche le rabot ? Et comment faire un tabac avec de la paille ? Le cheval hallucine pour un pied de biche Il en biche pour ce pied Il hennit que personne nenni N'a vu biche aussi jolie A quoi sert cet arçon mon garçon ? Quel son pour de l’avoine ? Quel mur du son nous fracassons ? Du blé pour un canasson toujours sur la paille La biche hélas n'a d'yeux que pour un cerf Qui la serre de près Qui lui brame son émoi Et moi et moi je fais quoi ? Des longes des louanges des cils à rallonges Le pur-sang n’en peut plus depuis Que ses yeux se sont posés sur Hélène Il a l'air malin ce cerf avec ses bois Je compte jusqu'à trois Fait le cheval de bois Détalons l’étalon lui faire tourner les talons Hélène, elle, aimerait bien faire du cheval son dada Cela désarçonne le canasson D’accord pour l’étrier si après… elle m'étrille 5 Elle s’attache
Et pourquoi elle s’attache Alors que je la détache ? J’ai rempli la mission à ras bord J’ai oublié les mots de passe Elle demande des preuves d’afflictions Elle demande L’affection des épreuves Elle demande l’infection des victoires Des larmes de séductions massives A quoi rime ce cinéma ? Je fidélise la clientèle Elle fidélise les infidèles de jour comme de nuit Avec adresse, elle s’est trompée ; elle se sauve qui peut A trop se perdre on finit par se trouver Il y a ce lien dans nos jeux, il y a ce jeu dans nos liens Il y a ce hasard dans nos jeux, il y a du jeu dans le hasard Jamais la fin ne ressemble au début quand le début touche à sa fin Jamais ne débute la fin quand jamais ne finit le début Et pourquoi elle s’attache Alors que je la détache ? J’ai rempli la mission à ras bord J’ai oublié les mots de passe Elle demande des preuves d’afflictions Elle demande l’affection des épreuves Elle demande l’infection des victoires Des larmes de séductions massives 6 Hannibal
Hannibal croise des mineures au bord du lac Majeur Hannibal croise des flamandes roses au bord du lac Majeur Et voilà les wallonnes et voilà les walkyries Hannibal croise des autruches d’Autriche qui trichent un peu Hannibal fait un signe à un cygne Ce soir la roue tourne pour le paon Ce soir Hannibal va au bal faire son numéro avec son boléro Ce soir Hannibal val au bal avec Annie et sa balle Ce soir Hannibal va au bal faire son gigolo avec son petit vélo Qu’est-ce que tu paries que j’ai barri à Paris ? Qu’est-ce que tu barris que je n’ai pas ri à Bari ? Normal pour Hannibal Normal pour un carnaval des animaux Hannibal trouve la symphonie fantastique et la montagne magique Mais le lac des cygnes lui casse les noisettes ll préfère toujours toujours le lac Majeur Hannibal tangue sur son vélo et valse sur un tango Hannibal fait un pas de deux à trois Hannibal croise l’oiseau-lyre en plein délire Hannibal croise l’oiseau qui lui demande du feu Hannibal croise l’oiseau en grève sur la grève Et l’émeu qui s’émeut pour un rien Je me fous des coups bas je viens de Bakou Je me fous des coups bas je me tire à Cuba C’est par où la sortie ? Je me suis encore perdu Dans le triangle des bermudas Ce soir, ce soir il neige sur le lac Majeur Ce soir Hannibal va au bal à cheval sur un éléphant Ce soir Hannibal va au bal à cheval sur un dos d’âne Ce soir Hannibal va au bal à cheval sur un principe Ce soir Hannibal va au bal à cheval sur un cheval 7 Peine perdue
Elle cause en désespoir de cause Elle s’est perdue pour une cause perdue Elle s’est éperdue sur son sort Elle se jette sur celui qui sort Elle se kamikaze dans les sauteries A son corps défendant Toujours à son corps défendant C’était joué d’avance, c’était perdue d’avance C’était peine perdue avant de l’avoir trouvé Elle se porte volontaire Pour les missions suicidaires Elle se porte volontaire Pour l’émission culinaire Elle veut croiser son destin Elle veut nuire dans sa nuisette Toujours à son corps défendant C’était joué d’avance, c’était perdue d’avance C’était peine perdue avant de l’avoir trouvé L’air des ténèbres lui fait du bien L’air de rien elle soupçonne la sueur Elle s’extasie sur les effets Elle récupère des nuits d’excès Elle s’excite pour un rien Mais de moins en moins A son corps défendant C’était joué d’avance, c’était perdue d’avance C’était peine perdue avant de l’avoir trouvé 8 Les chutes d’eau
On se réjouit des chutes sur le dos On se réjouit des cascades On se réjouit des cavalcades On se mire on s’admire On se marre des amarres Trop tard pour bien faire Trop tard pour se faire avoir Tu te transformes en métaphores Tu te transformes en météores Tu t’éclipses les nuits sans lune Des étoiles plein les yeux Regarde l’ombre du doute Regarde danser les gloires déçues Regarde les heures se trémousser Viendra notre tour de sombrer Dans l’oubli Viendra notre tour de rayonner Dans les flammes Tu te transformes en métaphores Tu te transformes en météores Tu t’éclipses les nuits sans lune Des étoiles plein les yeux On se réjouit des chutes sur le dos On se réjouit des cascades On se réjouit des cavalcades On se mire on s’admire On se marre des amarres Trop tard pour bien faire Trop tard pour se faire avoir Tu te transformes en métaphores Tu te transformes en météores Tu t’éclipses les nuits sans lune Des étoiles plein les yeux 9 Les larmes grises
Les larmes grises du lac Grisent mon âme Comme des gris-gris J’invoque les esprits J’évoque les espoirs Dans le noir Les amants de la nuit Les aimants du premier jour Regardent les heures Qui s'endorment dans leurs bras Maintenant que les jours sont noirs Comme les nuits sont blanches Maintenant que les yeux se gonflent Que les rivières débordent Tu as veillé sur ces leurres Tu as rêvé au réveil Des larmes contre les lames Des âmes contre les armes Le chagrin de chacun Les larmes grises du lac Grisent mon âme Comme des gris-gris J’invoque les esprits J’évoque les espoirs Des plongeons dans le noir 10 Tant d’amis
Tant d’amis tant de bisons Tant de bisons tant de zombies Tant de zombies qui rasent les crânes Tant de zombies qui déchirent les corps Tant d’amis tant de beaux corps Tant de beaux corps tant de corbeaux Tant de corbeaux le bec cloué Au fond de leurs verres Tans d’amis tant de loups Tant de loups insomniaques Tant de loups qui comptent les moutons Tant de loups l’haleine mauvaise A jamais les enfants de la chute A jamais les enfants de la nuit A jamais les enfants de l’ennui 11 La torpeur
Tu as peur tu as tort Tu as tort d’avoir peur Tu as peur tu as tort Tu as peur d’avoir tort Tu as peur tu as tort De cette torpeur Tu croises des gares Tu croises des regards Et tu croises les doigts Dans cette moiteur Tu t’ensommeilles D’heure en heure Sans équivoques Tu évoques la pluie Et tu invoques le ciel Tu lèves le doigt Tu lèves les yeux Tu relèves la tête Tu sèmes le désordre Tu sèmes le trouble Des eaux dormantes Pas un seul mot Je ne dis rien Les damnés sont au repos 12 La mauvaise pente
Depuis longtemps depuis toujours Il arpente les mauvaises pentes Il préfère descendre les montées sans rappel Mais à la fin du repas Il y a toujours trop de reliefs dans les plats Il boit à l’ivresse des profondeurs Il aimerait bien élever le débat Aux orages les causes sont multiples Mais à la fin du repas Il y a toujours trop de reliefs dans les plats Il laisse les questions aux réponses Il laisse l’absence aux abonnés Il laisse les mains pleines aux innocents Mais à la fin du repas Il y a toujours trop de reliefs dans les plats Il laisse les signes au destin Il laisse les fruits au hasard Il laisse les poissons se noyer Mais à la fin du repas Il y a toujours trop de reliefs dans les plats Et il aimerait bien savoir Il aimerait bien qu’on lui dise Qu’on lui dise une fois pour toute A quoi le malheur est bon ? A quoi le malheur est bon ? A quoi le malheur est bon déjà ? 13 La vie chair
Ta chair est une drogue Et je me drogue ma chère Cet aveu me coûte cher Mais ta chair n’a pas de prix Je suis prisonnier de ta chair Pris dans ces étreintes cavalières Où nous nous étalons Je donne mon corps à ta science M’abandonne ad libitum Aux extases ad nauseam C’est mon karma foutraque Ma sourate du bonheur C’est mon chant des esclaves L’hymen à la joie Ta chair est une drogue Et je me drogue ma chère Cet aveu me coûte cher Mais ta chair n’a pas de prix Nul besoin de paradis artificiels Je ne veux connaître Que des feux sans artifices De nos jeux olympiques L’ivresse des sommets Sans risque d’overdose C’est mon karma foutraque Ma sourate du bonheur C’est mon chant des esclaves L’hymen à la joie 14 Avant tu es vivant
Avant tu es vivant et alors Et alors après tu es mort Tu es mort et alors Maintenant tu es quoi L’air de rien plus que tout Plus que tout moins que rien Tu déboules avec ta science Ta mémoire d’éléphant Et une démarche de pingouin Tu nous fais le singe savant Qui révise ses pronostics Et qui mord la poussière Tête la première Avant tu es vivant et alors… Tu te tires dès que tu peux Tu suis la grande ourse Tu médites dans le grand nord Tu fonces plein sud Tu as beau virer à l’est Tu restes toujours complètement à l’ouest Avant tu es vivant et alors… Tu rumines au fond des grottes Tu joues à la guerre du feu Au milieu des cendres Tu ris et tu pleures tu pleures et tu ris Et tu demandes pardon de temps en temps Avant tu es vivant et alors… 15 LES ÉTOILES FILANTES
Les étoiles filantes se défilent Les soucoupes volantes se décollent Les fusées s’arrachent au petit matin Les avions battent des ailes dans le ciel Elle songe aux lourds scaphandres Qui enrobent les corps Sous les regards narquois Elle rêve aux stations dans les étoiles Sur les plages du destin Elle dessine les voies lacrymales Au jeu du pour et du contre Jamais elle ne fera le poids Sous l’âme vagabonde Son sourire est forcé Mais la mauvaise fortune a bon cœur Jamais elle ne te laisse au bord du chemin Les étoiles filantes se défilent Les soucoupes volantes se décollent Les fusées s’arrachent au petit matin Les avions battent des ailes dans le ciel |
Paroles, musique, guitare, voix : Alain Galatis
Enregistrement, mixage, mastering : Charlie Bernath, Studio Farrago, avril 2022 Dessin : Dora Formica |