Tendre est la joue
1 Les enfants sages
Les enfants sages Jouent dans le noir À qui osera le premier Les enfants sages Gardent l’espoir De se revoir le soir Les enfants sages Nagent en silence Dans le sillage des étés Les enfants sages Écument les bars Redoutent les descentes Les enfants sages Évitent les étreintes Frôlent les visages Les enfants sages Lancent des regards Aux déesses aveugles Les enfants sages Jouent dans le noir À qui tirera le premier 2 Militaire
Au lit le militaire se terre Fait pas le fier Combien de compagnes perdues À trop vouloir plaire A terre le militaire lit Révise les instructions Toutes ces guerres à perdre la raison Et pourquoi tant de divisions Au lit le militaire erre Il pense à la guerre Il pense aux vaisseaux dans les chairs Il pense aux douleurs chères Sous l’uniforme, le militaire songe À porter la casquette Aux coutures qui cèdent Aux pressions qui sautent Sous l’uniforme, le militaire songe À l’usure de l’habitude À l’odeur familière Des corps blessés En général, c’est la défaite En général, c’est la retraite Il n’y a plus personne Avec qui officier ce soir 3 Dans quel état j’erre
Mais dans quel état j’erre ? Pourquoi me suis-je rangé ? J’ai perdu la main, j’ai perdu le fil Ai trouvé la bobine défaite Comment me suis-je planté dans ce décor ? Dans quoi me suis-je fourré jusqu’au cou ? Y a pas de lézard mon trésor et Y a pas de trésor sous les cactus Mais dans quel état j’erre ? Pourquoi me suis-je rangé ? Je croyais bien faire de repasser par là Mais je ne trouve plus la clé, j’ai perdu le contact Où me suis-je rendu ? Pour qui me suis-je perdu ? Je ne vais pas me pendre au téléphone sans mobiles Je ne vais pas raccrocher ma peau au vestiaire Mais dans quel état j’erre ? Pourquoi me suis-je rangé ? J’ai beau me cuisiner, je ne trouve pas la recette J’ai beau me nettoyer, y a toujours une arête Mais dans quel état j’erre ? Pourquoi me suis-je rangé ? 4 La nuit les anges
Marcher dans le précipice Goûter à ses artifices Plonger dans le doute Sonder ses orifices La nuit les anges planent au plafond La nuit les anges décrochent des lustres La nuit les anges crient justice Sauter dans le gouffre Veiller à ses cicatrices Nager dans l’amertume Oublier les préjudices La nuit les anges griffent le parquet La nuit les anges arrachent les prises La nuit les anges crient justice Franchir les failles Assouvir ses envies Resserrer les étreintes Éviter les repentirs La nuit les anges se volent dans les plumes La nuit les anges se menottent au radiateur La nuit les anges demandent grâce La nuit les anges demandent grâce 5 Démon
Comment se démonte le démon ? Comment se monte l’étalon ? Comment s’accordent les violons ? Relis la notice, relis les explications Il faut tourner ses vices en dérision Où se déchaînent les passions ? Où s’enchaînent les amants ? Où se mordent les doigts ? Relis la notice, relis les explications Il faut tourner ses vices en dérision Je demande l’ascension du liftier Je demande l’avis du concierge Je demande le plombier sous la douche Relis la notice, relis les explications Il faut tourner ses vices en dérision Je veux bien échanger les draps Je veux bien m’accrocher aux rideaux Je veux bien les corps et les cris A la vérité personne ne se blesse Mais attention aux effets secondaires A genoux au fond de la penderie Relis la notice, relis les explications Il faut tourner ses vices en dérision 6 La nuit le jour
La nuit, le jour vit encore Des fonds marins au fond des yeux Tu scrutes le rivage des corps Menue dans les sondages tu sortais Prendre l’air de ceux qui en veulent Encore un peu reste s’il te plait Nue, tu ne voulais qu’un nuage de lait S’il te plait mais qu’un laid te plaise Jamais tu ne voulus Ténue sous les nuages, tu avais l’âge Des expressions volontaires Et des extases nécessaires Retenue par les chevilles tu disais Ne pas être à la hauteur de ces rêves Que jamais tu n’aurais Sur les artères où la foule te presse Tu écrivais en lettres capitales Les échéances de l’ennui A tort et à raison tu cherchais encore Et encore les liaisons nouvelles Serre-moi, serre-moi plus fort La nuit, le jour vit encore Des fonds marins au fond des yeux Tu scrutes le rivage des corps 7 L’île au trésor
Sur le pont, on s’aima fort dit le marin Ici, je balise les détresses fait le capitaine Qu’accostent les vaisseaux fantômes Que chavire la mémoire Et les chœurs s’élèvent Quitte cette épave Avant qu’il ne soit trop tard Quitte ce navire Avant qu’il ne sombre Ce soir les sirènes trompent la marine Ce soir les sirènes clament leur innocence Ce soir les sirènes ont la peau lisse Mais que veux-t-il au Trésor ? Oui, que veux-t-il au Trésor ? Dans son sillage, je me suis noyé dit le marin Nous l’avons perdu corps et bien, fait le capitaine Il y a trop de marins saouls dans les sous-marins Maintenant je suis bon pour le cimetière dit le marin Toutes ces bières et tous ces cadavres auront eu raison De ma raison Et les chœurs s’élèvent Quitte cette épave Avant qu’il ne soit trop tard Quitte ce navire Avant qu’il ne sombre Ce soir les sirènes trompent la marine Ce soir les sirènes clament leur innocence Ce soir les sirènes ont la peau lisse Mais que veux-t-il au Trésor ? Oui, que veux-t-il au Trésor dans le public ? 8 Passer par les larmes
Les épaules ont fui Et tu cherches la trace Tu quêtes les indices Son absence dans le lit Défait signe ta défaite C’est un fait auquel Tu ne peux te résoudre Tu quémandes son parfum Recherches l’odeur animale Mais tu sais que l’heure est venue De passer par les larmes Oui, l’heure est venue De passer par les larmes Ce dos que tu chérissais Pour lequel tu te dévouais S’est évanoui incognito Et dans la salle de bain Au dessus des dessous À l’abandon tu découvres Sur le miroir écrit en lettres Rouges ces seuls mots Regarde le salaud que tu es Et tu sais que l’heure est venue De passer par les larmes Oui, l’heure est venue De passer par les larmes 9 Gospel
Déjà l’heure, camarade, de prendre la porte Déjà l’heure, camarade, de tirer ta révérence Déjà l’heure, camarade, de faire tes bagages Serre les mains, souris au destin, reçois les fleurs, reçois les ovations Déjà l’heure, camarade, de la dernière tournée Déjà l’heure, camarade, du rideau tombé Déjà l’heure, camarade, d’éteindre les lumières Serre les mains, souris au destin, reçois les fleurs, reçois les ovations Déjà éternels, camarade, le repos et les regrets Déjà mort, camarade, que le mal emporte Déjà mort, camarade, que le mal emporte Tu ne crois à rien, tu ne crois à rien et même à rien tu n’y crois pas Tu ne crois à rien, tu ne crois à rien et même à rien tu n’y crois pas Mais maintenant, oui maintenant, tu aspires à la poussière Aspire la poussière Maintenant, oui maintenant, tu mords la poussière Mords la poussière Mais maintenant, oui maintenant tu soulèves la poussière Soulève la poussière Maintenant, oui maintenant, tu retournes à la poussière Retourne la poussière Maintenant, oui, maintenant, tu passes à la poussière Passe la poussière Passe la poussière Passe la poussière 10 Tendre est la joue
Aux rendez-vous manqués Place des regrets Dans la nuit Elle s’est rendue Souffrance du plaisir Ou plaisir de souffrir Elle choisit de choisir Le pire à venir Elle désire L’extraction des racines Elle prêche pour L’attraction dans les parcs A chacun sa niche A chacun sa croix A chacun son étendard Et chacun s’entiche Cachée derrière ses lèvres Elle murmure Que la fatigue m’emporte Que les erreurs convolent Bientôt il sera trop tard Je ne serai plus cette promesse Je ne serai plus la délivrance Je ne serai plus la garde du corps Tandis que les premières Larmes sonnent l’alarme Elle replie ses mains et Avoue du bout des doigts Si tendre est la joue Qui déjoue les baisers Si tendre est la joue Qui déjoue les baisers 11 Les chutes du Rhin
Ca sert à quoi de boire ? Ca sert à quoi ces déboires ? Ca sert à quoi la vertu ? Et pourquoi tu t’évertues ? Maintenant tu ris jaune Maintenant tu ris tout haut Maintenant tu riz au lait Maintenant tu riz La Croix Je vois la chute des reins Je vois la chute des anges Je vois les chutes du Rhin Je vois la chute du change Nous avions pris l’avion sans elle Nous avions pris l’aviron sans direction Nous avions pris les rames dans le métro Nous avions pris l’avis de la dérision Mais maintenant tu ris avec les anges Et moi je donne le change Maintenant tu ris avec les anges Et moi je donne le change 12 Là tu es las
Là, tu es las d’être là et De ces laisses qui t’enlacent Tu souhaites rompre les liens Tu souhaites fouetter le sang Mais la lassitude a l’habitude Elle te regarde dans le vague A qui jouons-nous ce soir ? Quelle évasion revêtir ? Et tu délasses ses ballerines Dans le rythme de l’envie Tu comptes les pulsations Tu souhaites ronger les sangs Sous le cuir la chair est vive L’espoir se garde des promesses Trop de grands écarts, trop D’entrechats nuisent à la santé Figé dans ton destin Tu te complais à te plaindre Et elle se plait à feindre Sans un cri, sans une larme Mais quand reviendras-tu Si tu ne pars jamais Et quand partiras-tu Si tu ne reviens jamais 13 Vilain petit canard
Fais le saumon au courant Fais le dauphin en nage Fais le bar au bout de la ligne Fais le perroquet dans un verre Fais le paon dans la queue Fais l’hirondelle au printemps Mais please fais-moi signe Fais-moi signe avec ce canard Fais le rat à l’opéra Fais la souris sur les planches Fais le beau entre chien et loup Fais la lessive avec Le Chat Fais-toi la belle avec cette souris Fais le cheval sur les principes Mais please fais-moi signe Oui fais-moi signe avec ce canard Fais l’ami sur le sol Fais l’ami sur le dos Fais Rémy l’adoré Fais si, si, j’suis majeur Fais le fat avec la mineure Fais dodo avec Sissi Mais please fais-moi signe Oui fais-moi signe avec ce canard Fais le poulet à la batterie Fais le coq au chant Fais la basse dans la cour Fais le violon sur le toit Fais le pauvre au piano Fais le bœuf avec l’orchestre Mais please fais-moi signe Oui fais-moi signe avec ce canard Mais please fais-moi signe Oui fais-moi signe avec ce canard 14 A l’est de ton cœur
A l’est de ton cœur J’ai perdu le nord Dans la chaleur D’une jeteuse de sort A l’ouest de ton cœur J’erre sur la côte d’or Dans la torpeur Des nuits météores Et je sombre dans le décor Je plonge dans l’ivresse Nénuphar sers-moi encore Ce divin nectar Au sud de ton cœur Je cherche la croix Dans la moiteur Des voix sans raisons Au Nord de ton cœur Brillent les astres Que suivent Les destins solitaires Et je sombre dans le décor Je plonge dans l’ivresse Nénuphar sers-moi encore Ton divin nectar Et je sers à quoi moi ? A boire l’océan tous les soirs Je mesure le sacrifice Je sonde le précipice |
Musique, voix : Ezra Vaust
Paroles : Alain Galatis Mixage, masterisation : Schmid Production |